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Que contient le projet pastoral diocésain ?

18 mois de réflexions, 300 pages de propositions reçues par l’évêque, des dizaines de réunions... Mgr Percerou a promulgué dimanche 30 juin 2019 un Projet pastoral diocésain qui contient une trentaine de « priorités pastorales » avec seulement deux propositions concrètes :

1. La mise en place d’une équipe chargée de la pastorale des migrants et 2. l’engagement du diocèse dans la labellisation « Église Verte ».

La première proposition concrète est un habillage de ce qui existe déjà : il existe déjà des personnes s’occupant de la pastorale des migrants, elles recevront donc le nom « d’équipe ».

La seconde proposition concrète est en revanche une vraie nouveauté... qui en dit long sur la conception de l’Eglise que se fait Mgr Percerou. Si l’Église est, selon la définition du catéchisme de l'Eglise catholique, « Corps du Christ » ou « Temple de l’Esprit saint », il apparaît saugrenu de lui coller quelque « label » que ce soit. Imagine-t-on le Christ en croix affublé d’une étiquette « © Église Verte » ?! Mgr Percerou ne semble donc pas imprégné par une conception surnaturelle de l’Eglise, mais semble concevoir l’Église comme une simple association d’hommes et de femmes. Une telle association peut évidemment légitimement rechercher et afficher tel ou tel label. Précisons que Mgr Percerou ne parle que de l’étiquette « Église Verte », sans un mot sur le fond.

Est-ce tout en matière de propositions concrètes, sur une trentaine de « priorités pastorales » ? Oui. Chaque « priorité pastorale » fait l’objet d’un paragraphe de présentation très lacunaire du sujet abordé, accompagné de propositions incroyablement floues. Prenons l’exemple de la priorité pastorale consacrée à la catéchèse des enfants, sujet important s’il en est. L’unique proposition est : « évaluer la réforme de la catéchèse mise en œuvre en 2015 et imaginer des chemins nouveaux ». Lesquels ? Rien n’est dit, rien du tout.

Examinons la première des priorités pastorales de l’évêque, que l’on imagine avoir été particulièrement travaillée pour mériter la place d’honneur. Son titre : « Pour que fleurissent des fraternités évangéliques. » Son contenu ? Rebaptiser du nom de « fraternités évangéliques »... ce qui existe déjà : les équipes de Carême et les groupes bibliques. Pourquoi de nouveaux groupes se créeraient-ils avec un simple changement de nom ? Mystère.

On note une vraie pique épiscopale contre les curés, sans aucun mot doux. Une des « priorités pastorales » de l’évêque déclinée sur une dizaine de lignes consiste ainsi à les inviter à « aller à la rencontre des paroissiens », comme si les 18 curés restaient cloîtrés dans leur presbytère. Ils ne voyagent certes pas au Panama, en Pologne, au Sénégal, à Paris ou à Rome comme leur évêque, mais sont-ils pour autant inactifs ? Mgr Percerou oublie que sans eux, le diocèse n’existerait pas...

Mgr Percerou demande à ses curés d’organiser des missions paroissiales, de faire revivre les pèlerinages locaux, de mettre en place des relais de proximité dans les villages – morigénant encore une fois ses curés en notant sèchement : « J’avais déjà lancé cet appel en 2016. Il est temps maintenant de passer à l’acte ». Mais si les effectifs des paroissiens chutent au fil des années, si les activités des paroisses se réduisent au même rythme, les curés n’ont-ils pas justement besoin d’un soutien plus concret de l’évêché, de ses nombreux salariés, de ses quatre millions d’euros de budget annuel ? Pourquoi faire un projet « diocésain » s’il s’agit seulement de tancer les paroisses ?

Il semble surtout que l’évêque souhaite se décharger de la responsabilité du désastre pastoral en cours, voir ici et ici.

D’une part en chargeant peu élégamment ses curés, mais aussi... ses fidèles. Car Mgr Percerou conclut ainsi son « Projet pastoral diocésain » : « Ce projet pastoral n’est pas le mien » mais... « notre projet ». En même temps, M. de Moulins affirme : « J’ai discerné, au souffle de l’Esprit, les chemins à ouvrir parmi tous ceux que les diocésains avaient ‘défrichés’ ».

Autrement dit, Mgr Percerou assume avoir élagué des plus vigoureusement les 300 pages de propositions concrètes adressées par ses diocésains pour n’en retenir que... deux. Dès lors, il paraît bien s'agir de son projet et non celui de ses diocésains. Qui subissent une brimade épiscopale : s’ils ne sont pas missionnaires comme Mgr Percerou le leur demande, c’est parce que leur âge « se fait sentir »... Les diocésains pourront répondre à leur évêque qu’ils peinent à croire qu’un successeur des Apôtres, bac + 7, ose leur présenter un document aussi faible.

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NB. Manque de sérieux du diocèse : le projet pastoral diocésain complet de quinze pages analysé ci-dessus est accompagné d'une version synthétique de cinq pages. Problème : les deux documents ne disent pas la même chose...

Par exemple, le document complet louvoie de manière floue : « Je demande au Service diocésain de la Pastorale des Jeunes, en lien avec lEnseignement Catholique, de réfléchir à la pertinence, dans le diocèse, dun lieu expérimental déducation populaire pour des enfants et des jeunes, dans lequel ils pourraient être accueillis pour des temps de jeux, de sports, dactivités culturelles, dexpériences de solidarité et de proposition de la foi, à lécole de lEvangile. » (j'ai ajouté le gras et le souligné).

Sur le même sujet, le document synthétique affirme au contraire très nettement : « En proposant des lieux d'éducation populaire à la saveur évangélique accueillants et vivants et s'appuyant sur le jeu, le sport, la culture. » Exit le conditionnel, le singulier et la proposition de la foi...

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