Les révélations de votre blog la semaine dernière sur les faramineuses réserves financières du diocèse, exceptionnelles pour un diocèse français, éclairent d’une lumière nouvelle les décisions de Mgr Percerou. Ainsi de son choix étrange de maintenir la cathédrale fermée quasiment six mois l’hiver, même à Noël.
J’avais avancé diverses hypothèses pour expliquer ce choix. Il s’agirait, me disent plusieurs correspondants, d’une question de réparation ou de rénovation d’un système de chauffage pour un montant, dixit Un paroissien moulinois en commentaire d’un article de ce blog, de 500 000 euros. A ce prix, les tuyaux du système doivent être en or massif ! Manifestement, il s’agit d’un prix exagéré destiné à faire taire les mécontents en leur disant : vous voyez, c’est impossible, donc parlons d’autre chose.
Mais même en supposant que ce soit le prix réel, il ne représente guère que 2% des 22 millions de réserves financières actuelles du diocèse ! Ou seulement 4% des onze millions du portefeuille d’actions du diocèse ! Ou seulement 15% des 3,2 millions de disponibilités immédiates du diocèse !
De plus bien évidemment, un tel investissement est en fait à la charge du propriétaire de l’édifice, c’est-à-dire l’Etat. Naturellement, l’Etat s’activera d’autant plus vite que la participation financière du diocèse sera plus élevée : cela s’appelle une négociation. Un grand classique des relations entre curé et commune, ou entre évêque et État, et au final une facture très modeste au regard des ressources financières du diocèse – et de l’enjeu majeur, rien moins que la vie liturgique de la cathédrale, aujourd’hui totalement abandonnée plusieurs mois par an.
Pourquoi Mgr Percerou n’a-t-il pas entamé ces négociations dès son arrivée en avril 2013 ? La cathédrale serait équipée aujourd’hui. Il savait pourtant disposer au 31 décembre 2012 de 17 millions d’euros de réserves financières. Mgr Percerou n’a pas hésité à faire un investissement immobilier parfaitement accessoire de 700 000 euros en 2017 (voir ici) : le montant de l’investissement essentiel pour le chauffage de la cathédrale n’est donc pas pour l’effrayer. Mais Mgr Percerou n’a même jamais évoqué ce sujet comme simple projet possible dans l’abondante littérature qu’il a produite depuis sept ans.
Alors, pourquoi thésauriser plutôt que chauffer ? Pourquoi thésauriser plutôt que célébrer la liturgie catholique dans l’église mère des églises du diocèse ? « Là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur »... ne peut-on s’empêcher de penser avec l’évangéliste Matthieu.
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ADDENDUM 08/02/2020. Un correspondant bien informé m'affirme que le sujet du chauffage de la cathédrale existe depuis longtemps dans les dossiers des services de l'Etat et a fait l'objet de plusieurs études sans suite depuis une douzaine d'années. Le sujet est toujours en attente actuellement d'une décision de financement de l'Etat, mais serait désormais également dépendant de la réalisation préalable d'autres travaux. Bref, c'est compliqué et pas pour demain. Mgr Percerou aurait bien proposé officiellement une participation financière, à un niveau qui n'a manifestement pas été suffisant pour déclencher l'action de l'Etat. Ce qu'il y a de certain, c'est que l'évêque de Moulins n'en parle pas dans ses multiples documents en ligne ni dans ses vœux aux diocésains que ce soient ceux de 2017 ou 2018, ce qui laisse penser que le sujet ne revêt pas une importance majeure à ses yeux. Si les services de l'Etat tirent la même conclusion que votre serviteur, l'attente peut durer longtemps !