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« Et Jésus dans tout ça ? »

C’est le cri du cœur adressé à Mgr Percerou par un journaliste catholique de la chaîne KTO-TV n’arrivant pas à faire parler l’évêque sur l’annonce... du Christ. Retour sur un grand moment de télévision.

C’était le 23 avril 2017. Le journaliste lance l’évêque sur le bilan des trois années de visites pastorales (6’00). Mgr Percerou disserte de manière parfaitement profane sur la désespérance de certains jeunes, notamment les non-croyants aidés par des éducateurs sociaux non croyants qu’il a rencontrés. Quel bilan faites-vous ? Mgr Percerou continue sur le même élan profane : « J’ai été frappé » par la situation dramatique de certains jeunes, « saisi » etc. Le journaliste relance (7’22) : « Que leur dites-vous, que leur transmettez-vous, à ces jeunes ? » Là encore, l’évêque évite la question et répond qu’il admire... les éducateurs de rue qu’il a rencontrés, non croyants donc : « Une belle leçon que l’on reçoit là » et : « Je suis là pour les encourager. » L’évêque insiste : comme chrétien, il voit là comme « une page d’Evangile » car dit-il, ce qui nous anime nous chrétiens, c’est ce « service du frère ».

 L'évêque de Moulins ne semble pas s’apercevoir qu’il est en train d’expliquer que des non croyants peuvent très bien effectuer ce qu’il présente comme l'unique nécessaire. Et que le christianisme ainsi compris n’est donc pas une nécessité existentielle mais un simple complément à l’action sociale de l’Etat. L'évêque de Moulins ne semble pas non plus s’apercevoir que sa mission est de donner un enseignement... et non d'en recevoir un.

 Le journaliste relance encore (10’21). Qu’est-ce que vous avez envie de leur dire, à ces jeunes que vous rencontrez ? Réponse : « Vous êtes l’avenir du monde. Le monde compte sur vous demain pour qu’il soit plus juste, plus beau, plus fraternel, plus solidaire. » Et l’évêque continue toujours sur le mode profane : « Et si vous désespérez de ce monde, battez-vous, engagez-vous, mobilisez-vous pour mettre vraiment vos compétences, vos talents au service de la construction de ce monde dont vous êtes l’avenir etc. » Là le journaliste ne tient plus. Et pose la question (11’18) : « Et qu’est-ce que Jésus peut changer, dans tout ça ? » Ah ! Mgr Percerou est surpris. Répète lentement la question : « Ce que Jésus peut changer dans tout ça... » Réfléchit. Et affirme : « Moi j’espère que, disant ça aux jeunes, l’Esprit saint pourra les animer et les faire bouger. » En ayant un discours purement profane, Mgr Percerou espère donc que l’Esprit saint fera le boulot à sa place...

 Reprenons. Dans cette émission, jamais M. de Moulins n’annonce explicitement le Christ à des incroyants ou n’envisage de le faire, ne serait-ce qu’en disant simplement son nom. Il ne lui vient pas non plus à l’esprit de dire aux incroyants qu’il prie pour eux. Et dans toute l’émission, jamais il n’évoquera le thème de la conversion (sur ce thème, voir également ce billet).

 Ce sera un diacre et non l’évêque qui parlera de « l’espérance en la vie éternelle » ; une laïque et non l’évêque qui parlera de la prière ; une autre laïque et non l’évêque qui parlera de l’irremplaçable regard d’amour de Jésus.

 *

Christ Pantocrator. Cathédrale de Cefalù, vers 1130.

ADDENDUM 10/02/2020. Le fait pour un croyant de ne pas annoncer explicitement le Christ a été théorisé sous le nom de "pastorale de l'enfouissement", l'idée étant que par sa façon d'être le croyant suscitera la question de la part du non-croyant : qu'est-ce qui fait que tu es si bon ? Et le croyant de répondre alors: le Christ. Il semble que cette méthode porte très peu de fruits. On pourra lire l'article de Wikipédia sur le sujet ici.

Commentaires

  • Bonjour,

    Il s'agit en effet de la "pastorale de l'enfouissement" ou de la "pastorale du levain dans la pâte", mais l'on pourrait aussi bien parler d'une "pastorale de l'auto-censure" plus faussement évangélique que vraiment kérygmatique, pour ainsi dire.

    Il s'agit là, avec au moins une partie de la "nouvelle théologie" et du "mouvement liturgique", de l'un des trois principaux ingrédients de la crise de l'Eglise, et il est proprement stupéfiant, voire consternant, que cet ingrédient continue à sévir, alors que le doute n'est plus permis sur ses effets négatifs.

    Bonne journée.

    Un lecteur.

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