C’est l’anti François. Alors que le pape multiplie les critiques du consumérisme, l’évêque de Moulins a choisi comme image phare de sa campagne de dons 2019... un pilote de course automobile couvert de publicités. Depuis janvier 2019, une fenêtre pop’up avec son buste bardé de marques vous saute à la figure à chaque visite du site Internet du diocèse. Comment expliquer cette conversion à la société de consommation ?
De nombreux confrères de Mgr Percerou ont mutualisé les coûts de conception de la fenêtre d’appel à dons sur le site de leur diocèse. Les diocèses de Lille, Quimper, Marseille... affichaient ainsi la semaine dernière la même belle Nativité, cette semaine une même belle nuit étoilée légendée « Un Sauveur nous est donné ». Mgr Percerou fait bande à part et finance tout seul la conception d’une fenêtre d’accueil bien à lui, avec un sujet invariable depuis plus de onze mois reproduit ci-dessus : une icône de la société de consommation.
Anesthésie du cœur
Le pape François dresse pourtant chaque jour ou presque la critique de ce fétichisme de la marchandise alimenté par la publicité. Dans son homélie du premier dimanche de l’Avent il y a quelques jours, François critiquait ainsi le consumérisme : « un virus qui affecte la foi à sa racine, faisant croire que la vie ne dépend que des biens possédés, oubliant Dieu qui vient et son prochain. Le frère qui tape à la porte dérange. » Le danger, souligne François, « c’est ce qui anesthésie le cœur : c’est dépendre de la consommation, se laisser alourdir et dissiper le cœur par les besoins (cf. Luc 21, 34) ». Le pape demande aux fidèles de vaincre la tentation qui consiste à penser « que le sens de la vie est d’accumuler. Le sens de la vie n’est pas d’accumuler, et nous devons démasquer la méprise selon laquelle on est heureux si on a beaucoup de choses, résister aux lumières éblouissantes de la consommation, qui brilleront partout ce mois-ci. »
Pourquoi Mgr Percerou met-il donc à l’honneur ce que François appelle « un virus qui affecte la foi à sa racine ? » Je proposerai deux explications possibles. La première: l’évêque de Moulins est peut-être lui-même affecté par ce virus, qui n’est pas réservé aux simples fidèles, et il ne s’est même pas aperçu qu’il y avait un problème – le choix d’une vaste demeure pour son usage personnel plutôt que le modeste appartement épiscopal prévu dans la maison diocésaine plaide en ce sens (voir ici). La seconde, qui n’exclue pas la première : Mgr Percerou veut convaincre quelques jeunes de donner au Denier de l’Eglise. Comme l’évêque de Moulins les prend pour des quiches (voir ici et ici et bien sûr ici), peut-être s’imagine-t-il que le simple fait de montrer l’image d’un personnage supposément adulé du monde profane puisque couvert de publicité les convaincra de donner au diocèse... Curieux calcul.
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