La recette de Mgr Percerou ? Ne donner aucune instruction religieuse aux jeunes de son diocèse, puis les interroger, les filmer, et poster la vidéo en ligne sur le site du diocèse. Le résultat ? Triste. Les réponses des jeunes sont celles du politiquement correct ambiant, au mieux étrangères et au pire contraires à l’enseignement de l’Eglise. Une nouvelle vidéo de trois minutes sur les femmes dans l’Eglise illustre ce désastre.
Pour être sûr que les jeunes ne se forment pas par eux-mêmes avant d’être filmés, le diocèse ne leur donne pas d’avance le thème de la vidéo. A la question : « Quelle est la place des femmes dans la religion catholique ? », la première jeune femme interviewée est ainsi très étonnée par la question. Elle répond simplement en la répétant lentement puis par... un gros soupir, les sourcils levés et les joues gonflées. Le deuxième verbalise davantage : « J’ai pas grand-chose à dire » et la troisième : « c’est une question pas habituelle. »
L’entretien se prolongeant, les réponses arrivent, reproduisant fidèlement... le discours ambiant. Pour l’une, croit-on comprendre, le fait que les célébrants et les servants soient tous des hommes « est assez choquant ». La première interviewée, remise de sa surprise, nomme précisément quelques évolutions séculières d’il y a cinquante ans : droit de vote, gestion du compte bancaire, travail... mais si elle connaît le vocabulaire séculier, elle semble ne pas connaître le vocabulaire catholique. Elle conclut : « c’est des changements qu’on retrouve pas du tout dans l’Eglise catholique » puis se reprenant : « en tout cas de ce que moi je peux voir. »
Un autre jeune poursuit : « Je suis assez critique de manière générale », remettant en cause sans aucune précision « des principes » qui aboutissent à « des inégalités entre les hommes et les femmes » dans le catholicisme. Critique gratuite, mais que le diocèse choisit de mettre en valeur.
On ne dira rien d’un passage où un jeune cite en exemple Marie-Madeleine en l’affublant du seul qualificatif de prostituée, particulièrement de mauvais goût dans une vidéo consacré à la place des femmes. Si l’on voulait qualifier d’un seul terme la « femme pécheresse » des Evangiles, l’Eglise utilise traditionnellement celui de pénitente et, en plusieurs mots, « l’apôtre des apôtres » : c’est elle qui annonce la Résurrection aux apôtres. Nul doute que si ce jeune avait été formé ou s’il avait eu le temps de se former un peu lui-même, il n’aurait pas parlé de la même façon.
On se demande donc vraiment pourquoi Mgr Percerou tient à mettre en scène des jeunes parfaitement ignorants. Pourquoi donc ne pas les informer et les former... avant de les interviewer ? Parce que les réponses, alors, auraient de la tenue et du contenu, et ressembleraient à la transmission d’un enseignement... ce à quoi l’évêque semble être parfaitement allergique ?
Ce manque d’attention à la vie spirituelle, et même son abandon complet, est défini par le catéchisme en quelques phrases fortes : « l’acédie ou paresse spirituelle », « à laquelle la présomption ouvre la porte » : « Les Pères spirituels entendent par là une forme de dépression due au relâchement de l’ascèse, à la baisse de la vigilance, à la négligence du cœur. » Le catéchisme précise : « L’acédie ou paresse spirituelle va jusqu’à refuser la joie qui vient de Dieu et à prendre en horreur le bien divin. »
Ce ne sont évidemment pas les jeunes qui paraissent atteints d’acédie – ils montrent au contraire beaucoup d’énergie, de la bonne volonté et une faim spirituelle – mais leur évêque, qui ne les nourrit pas.
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Illustration : Acedia, détail d’une gravure de Hieronymus Wierix, XVIe siècle.