« Que ton oui soit oui, que ton non soit non. Tout le reste vient du Malin »... La maxime évangélique ne semble pas guider Mgr Percerou. Alors que se multiplient les prises de positions claires et nettes des évêques français contre le projet de loi visant à légaliser la PMA sans père, la position de l’évêque de Moulins paraît vraiment pusillanime.
Pour faciliter l’analyse, je comparerai le communiqué de Mgr Percerou avec celui de Mgr Batut, évêque de Blois – le choix était large car de nombreux évêques français se sont vraiment engagés sur ce sujet. Lisons donc le communiqué de Mgr Batut. Il s’adresse de manière publique « À toutes les paroisses et communautés du diocèse ». Alors que Mgr Percerou s’adresse... à la presse ! C’est vraiment curieux, et c’est important. J’y reviendrai.
Le premier paragraphe de Mgr Batut annonce l’enjeu exceptionnel du projet de loi : « Une rupture anthropologique sans précédent. » Quant à Mgr Percerou, il déploie un bouclier de type « C’est pas moi, c’est lui » en se référant au président de la Conférence des évêques et édulcore son propos en lui prêtant seulement des « inquiétudes » qu’il déclare partager. Si l’entrée en matière de Mgr Batut réveille ses lecteurs, celle de Mgr Percerou les endort : rien de vraiment important ne semble à signaler.
Les deux paragraphes suivants de Mgr Batut expliquent les énormités que contient le projet de loi et les raisons de les rejeter. Quant à Mgr Percerou, il esquive le fond du sujet ! Il attribue aux évêques un rôle fumeux de « veilleur » en escamotant la définition de l’évêque selon l’Eglise: un docteur de la foi, dont la fonction est d’enseigner. Mgr Percerou se borne à souhaiter que l’Eglise « continue à apporter sa réflexion », sans détailler la sienne. Il fait référence à trois conférences ayant eu lieu dans son diocèse, conseille même la lecture d’un livre de Mgr d’Ornellas. Mais il ne livre pas le fruit de ses propres réflexions, il n'explique pas lui-même ce dont il est question ! N’est-ce pourtant pas son rôle premier ?
Que faire ? Les deux communiqués concluent sur les actions à mener. Avec vigueur pour l’évêque de Blois, qui montre l’exemple : « J’appelle donc tous les catholiques du Loir-et-Cher à prendre leurs responsabilités selon ce que leur dicte leur conscience. À titre personnel, je me joindrai à la manifestation organisée à Paris le dimanche 6 octobre. » Affiche pour la manif et bulletin de soutien suivent le communiqué de Mgr Batut. L’évêque de Moulins reste très impersonnel et flou, avec cette langue de buis : « Les registres d’actions pour se manifester sont divers et multiples selon les personnes et leurs possibilités etc. » Il ne fait que mentionner la possibilité de manifester, et ne publie sur son site ni affiche ni bulletin de soutien à la manifestation. Mgr Percerou conclut enfin en appelant chacun à exprimer « son désaccord », tout simple, ni total ni profond, avec une timidité remarquable.
Comment expliquer une telle frilosité ? Par un respect hypertrophié des personnes pouvant être concernées par une PMA entre femmes, un tout petit nombre de personnes dans son diocèse ? A défaut d’être valable, ce serait un beau motif : chacun a droit au respect, peu importe le nombre. Mais à voir l’indifférence totale que Mgr Percerou manifeste envers ses propres fidèles, imposant par exemple aux uns la vente de l’église où ils ont été baptisés et mariés pour en faire une école du cirque et aux autres la destruction du chœur traditionnel de leur église pour le reconstruire en style années 1960, il ne semble pas que l’attention de l’évêque de Moulins envers les personnes soit si développée.
Je tenterai donc deux autres explications. La plus simple : si l’évêque s’oppose mollement, c’est que ses convictions sur le sujet sont molles. Plausible également : l’évêque a des convictions, mais il a peur du jugement des médias, ce quatrième pouvoir. Son communiqué mièvre s’adresse ainsi à la presse – et non à ses fidèles. Son ambition pourrait donc être tout simplement de passer inaperçu des médias en écrivant un communiqué insipide. Et en oubliant soigneusement de mentionner dans son communiqué qu’il est... président de la Commission pastorale pour les enfants et les jeunes des évêques de France !
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Commentaires
A la lecture de vos textes, une question me vient ! Vous êtes qui pour faire la leçon et juger un homme avec mépris.
Par contre, le courage vous manque puisque vous écrivez avec des pseudos.
Bonjour, je suis M. ou Mme Toulemonde, simple laïc. J'essaye d'apporter des éléments d'information et d'analyse, non pas sur "l'homme" Percerou mais sur le personnage public Mgr Percerou. Et sans aucun "mépris" : je ferai attention en écrivant les prochains billets pour être sûr que ce sentiment ne vienne pas à l'esprit. Le sentiment que j'ai, à chaque billet, c'est la surprise : comment Mgr Percerou peut-il faire ou dire ceci ou cela. Et aussi : comment ses fidèles peuvent-ils payer (le Denier) et accepter sans moufter tout ce que je décris sur ce blog - voir en particulier la rubrique Scandale, ou Jeunes. Et cher(e) Zoulou j'utilise, comme vous... un pseudo, probablement pour les mêmes raisons. J'ai publié un billet sur les mérites de l'anonymat http://mgrpercerou-vuparunlaic.hautetfort.com/archive/2019/06/11/petite-reflexion-sur-l-anonymat.html Si je commets une erreur factuelle ou si une analyse vous semble fausse, n'hésitez pas à me le signaler. Belle journée