« Pour un christianisme non religieux. » Au moins, voilà qui est clair. En janvier 2018, Mgr Percerou a publié à l’attention de ses fidèles un dossier intitulé « Au plus près de tous », disponible sur le site du diocèse, et qui, on le verra, contient cette affirmation clef.
Depuis lors, il fait étudier ce texte accompagné de questionnaires par ses fidèles. La fin de l’opération aura lieu dimanche 30 juin 2019 où l’évêque donnera des orientations diocésaines lors d’une session à la cathédrale de Moulins.
Ce dossier « Au plus près de tous » livre les convictions profondes de l’évêque. Mgr Percerou propose ainsi à ses fidèles un article de fond signé du jésuite André Fossion afin « de fonder théologiquement, scripturairement et spirituellement notre réflexion diocésaine ». On remarquera d’emblée que Mgr Percerou n’a pas choisi un texte classique du magistère de l’Eglise pour fonder sa réflexion, mais un simple article d’un simple théologien. Un article pas très frais non plus, puisqu’il date de 2004.
Que propose cet article « fondateur » choisi par Mgr Percerou ? Ceci : « Je propose de nous laisser guider par deux penseurs et acteurs de notre temps : Gianni Vattimo et Marcel Gauchet. » Deux philosophes célèbres et ...agnostiques.
L'article insiste principalement sur le premier : Gianni Vattimo (né en 1936), qui a popularisé la notion de « pensée faible ». Il rejette tout concept dogmatique, toute certitude, qu’il analyse comme une violence faite aux personnes. Mgr Percerou applique fidèlement la « pensée faible » dans son diocèse et aux jeunes en particulier, comme je l’ai décrit ici et ici. Le dossier épiscopal présente Vattimo comme « député européen » : il aurait été honnête de préciser que Vattimo s’est toute sa vie défini comme communiste. De même, il aurait été honnête de préciser que Vattimo est un militant du droit à l’avortement et un militant gay.
Mgr Percerou a-t-il une idée derrière la tête en promouvant Vattimo ? En décembre 2017, la revue progressiste jésuite Etudes présentait Vattimo ainsi : « Il illustre à merveille la figure actuelle de l’agnostique », même si Vattimo se dit nominalement chrétien – mais Robert Maggiori prévenait déjà dans Libération en 2004 que Vattimo veut esquisser l’« image d’une religiosité postmoderne » où « raison » et « foi » n’auraient plus le même sens, où « croire en Dieu » ne signifierait plus poser l'existence d’un fondement ultime !
Qu’on en juge : le titre du livre de Vatimo cité en référence dans le dossier épiscopal et analysé par Maggiori est Après la chrétienté. Pour un christianisme non religieux (2004). Si le titre n’était pas assez clair, la quatrième de couverture précise : « Dieu lui-même est un mensonge superflu. » Vattimo a noirci des centaines de pages sur ce thème.
Quant au deuxième philosophe cité comme référence, Marcel Gauchet, il se définit lui-même et sans tergiverser comme agnostique. Gauchet est connu pour avoir théorisé le christianisme comme... « religion de la sortie de la religion ».
Voilà donc, en 2019, les deux références qu'un évêque français, chargé de la pastorale des enfants au niveau national par ses pairs, donne comme modèles à ses fidèles : « Je vous propose de nous laisser guider par deux penseurs et acteurs de notre temps : Gianni Vattimo et Marcel Gauchet »...
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