Le procès en appel du cardinal Barbarin s’ouvre à Lyon le jeudi 28 novembre 2019. La question au cœur du procès est : quand. Quand le cardinal a-t-il appris les crimes commis par le désormais défroqué Bernard Preynat ? Quand le cardinal a-t-il été confronté pour la première fois à l’existence de prêtres pédophiles... et de victimes ? La réponse à cette deuxième question se trouve peut-être dans le diocèse de Moulins, dirigé par Philippe Barbarin de 1998 à 2002 avant d’être nommé à Lyon.
Lors de leur dernière Assemblée plénière à Lourdes début novembre 2019, les évêques ont pris connaissance des premiers travaux de la CIASE – la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Eglise. Son président Jean-Marc Sauvé, ancien vice-président du Conseil d’Etat, a fait état d’un premier bilan après quelques mois de travail : il a reçu 2500 témoignages de victimes – soit en ordre de grandeur 25 par diocèse, concernant essentiellement les décennies 1950, 1960 et 1970. Jean-Marc Sauvé a jugé ces chiffres très faibles au regard de ses estimations de la tragique réalité. Mais il a aussi dévoilé que 85% des diocèses ont transmis leurs archives sur les prêtres pédophiles à la CIASE.
Mgr Percerou, président de la Commission pour la pastorale des enfants et des jeunes de l'épiscopat, fait-il partie des bons élèves qui ont transmis leurs archives ? Que contiennent-elles ? Mgr Percerou n’a toujours pas effectué de communication sur ce sujet – sauf erreur que je serais très heureux de corriger.
Au-delà du scandale des affaires de pédophilie dans chaque diocèse dont le diocèse de Moulins, la question se pose donc de savoir quelles affaires de pédophilie – notamment celles contenues dans les archives – ont été portées à la connaissance de Mgr Barbarin lorsqu’il était évêque de Moulins.
Si Mgr Percerou ou Mgr Barbarin venaient à s’exprimer tout prochainement sur le sujet dans les jours qui viennent, ou si une actualité l’exigeait, je mettrai ce post à jour.
La vérité sur le nombre d’affaire année par année selon les archives éclatera au plus tard lors de la publication du rapport de la CIASE début 2021. Ou plus tôt, à l’initiative de Mgr Percerou, des victimes ou de leurs proches.
On comprend sur cet exemple pourquoi les évêques ont si rarement fait la vérité sur les affaires du passé dans leurs diocèses : cela revient à mettre en cause leurs prédécesseurs. Et lorsqu’ils sont vivants, bien vivants et même prince de l’Eglise, la justice et la charité envers les victimes peut être vite oubliée. Au détriment de tous les fidèles, des bénévoles, des salariés et des prêtres fidèles du diocèse.
*